Dégradation,
dépeuplement, déficit en infrastructures, absence d’intégration socioéconomique…
Les maux qui rongent Ksar Aït Benhadou, un site historique situé à 30
km de Ouarzazate, sont nombreux.
Ce site, inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco depuis
1987, est en péril. Le sacre de valeur universelle dont il jouit pourrait
lui être retiré, si aucune action de réhabilitation n’est entreprise.
Ce sera une perte supplémentaire pour une région connue par son attraction
touristique et sa production cinématographique.
L’Unesco vient de lancer un dernier
rappel aux responsables de la région pour entreprendre des démarches urgentes
pour la sauvegarde et la gestion durable du site. Sinon, elle le déclassera
de la liste du patrimoine mondial.
Cet ultimatum a fait bouger les autorités de la région. Une commission
composée du ministère de la Culture, du gouverneur, des responsables de
la commune Aït Zineb et des associations, a entrepris une action d’urgence
pour établir les axes prioritaires de sauvegarde. L’objectif est d’adopter
un plan de réhabilitation pour une gestion durable du ksar.
La situation de ce site, dont la vulnérabilité est à un stade avancé,
doit permettre de tirer les enseignements quant à la nécessité d’adopter
une nouvelle stratégie en matière de préservation du patrimoine national.
Les conséquences d’un déclassement
seront négatives à plus d’un titre, particulièrement sur le plan touristique.
Le tourisme constitue actuellement le principal pôle d ‘attraction pour
toute la région qui accueille près de 130.000 touristes par an. Pour cela,
la commission compte mettre en place une nouvelle démarche, basée sur
des axes d’intervention ciblés. D’abord, l’intégration des biens culturels
à leur environnement économique et social. Une manière de laisser les
valeurs historiques du site intactes. Ensuite, l’identification en amont
des moyens appropriés pour accompagner les projets sera mise en valeur.
Sur ce registre, l’implication des collectivités locales, de la société
civile, des autorités et du secteur privé dans le cadre d’un partenariat
est nécessaire. «Les efforts de réhabilitation ne peuvent aboutir sans
la concertation et l’action commune avec les populations et les associations
locales», précise Moncef Fadili, coordonnateur de l’agenda 21 au niveau
local. Pour lui, la participation des populations à la sauvegarde du patrimoine
est un gage du maintien du site Aït Benhadou sur la liste du patrimoine
mondial.
L’accompagnement social et le travail de proximité, en particulier en
faveur des populations défavorisées, devront s’inscrire dans la continuité,
notamment avec le renforcement de la formation en faveur des élus, font
valoir les experts de l’Unesco.
Parmi les recommandations préconisées
figure la mise en place d’un dispositif local permettant l’élaboration
et la mise en oeuvre du plan de gestion. En tant que ministère de tutelle,
le département de la Culture doit s’assurer du suivi du classement du
site au patrimoine national et la mobilisation des partenaires nationaux
et internationaux pour la pérennité du Ksar Aït Benhadou.
Dépeuplement
La construction du Ksar Aït Benhadou remonte au XIe siècle
(Almoravide). Il est situé sur la rive gauche de l’Oued Maleh. Son emplacement
le met à la merci des crues, le rendant inaccessible au moment des intempéries.
Les inondations de 1989 avaient précipité le départ de la population vers
la rive droite de l’oued, qui compte une centaine de foyers contre 6 pour
le Ksar. Les activités dans l’environnement du site sont dominées par
l’agriculture, l’élevage, l’artisanat et le tourisme. Sa population s’élève
à 700 habitants, essentiellement implantée dans le douar à proximité de
la route. Le site est marqué par un fort dépeuplement et figure parmi
les 24 douars de la commune rurale d’Aït Zineb (9.000 habitants).
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