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Cinéma : tranches de vies de figurants On ne peut évoquer la ville de Ouarzazate sans parler de ses studios et de ses habitants. Le temps de quelques tournages, certains d’entre eux deviennent figurants. Ils gagnent ainsi leur vie tout en rêvant de devenir de vrais acteurs. Ce dimanche 10 septembre, Omar Tiguidert a les yeux scintillants. Il ne peut s’empêcher de manifester sa joie enfouie au plus profond de son âme. Il descend de sa bicyclette, prend son souffle et crève enfin l’abcès. «Demain, c’est un grand jour, je vais me rendre au douar Sidi Daoud pour me renseigner sur le tournage qui se déroule en ce moment même à Ouarzazate», déclare ce vétéran de la figuration. Il fait allusion ici au film «The Hills have eyes 2 », le second d’une saga signée Alexandre Aja en tournage aux studios CLA. Omar Tiguidert ira donc tenter sa chance et espère bien qu’il sera retenu pour un rôle. Comme la plupart des habitants de Ouarzazate, ce sexagénaire vit principalement de la figuration. Son baptême de feu, il s’en rappelle comme si c’était hier. «La première fois que je participais à un tournage, c’était en 1988 dans la série télévisée «Abraham» où j’ai interprété le rôle d’un des apôtres d’Abraham», raconte-t-il. Ce père de famille en garde un doux souvenir. Et pour cause, ce figurant considère ce travail comme une véritable aubaine pour lui et sa famille. «On est bien payé la journée, le cachet peut aller de 150 jusqu’à 800 DH. Tout dépend de la mission qui nous est attribuée». «La Tentation du Christ» est par ailleurs le seul film qui ne sera jamais effacé de sa mémoire, après 15 jours de tournage, il est sorti avec une somme de 3000 DH livrée par la production exécutive. Interrogé sur sa passion pour le cinéma, cet homme avoue n’y voir que du feu. «Je ne suis pas un cinéphile, d’ailleurs, mon niveau d’éducation est très limité. Je fais ce travail parce qu’il m’aide à m’en sortir, sans cela ma famille risque de mourir de faim». A l’écouter, le voile est levé sur la joie indescriptible qu’il ressent à l’approche d’un tournage. Si le cinéma fait rêver certains, lui ce qui l’intéresse, c’est de trouver de l’argent, de quoi vivre dignement. Badi Rachid est, quant à lui, sur une autre dimension. Pour lui, faire de la figuration, c’est entrer par la grande porte dans le monde magique du 7ème art. «Les dix commandements» de Robert Dornhelm, tourné en 2005 dans les plateaux du Studio Atlas, ont été pour ce jeune, âgé d’une trentaine d’années, l’occasion de laisser sa passion s’exprimer. «Je suis technicien d’appareils électroniques, mais j’ai envie de faire carrière dans le cinéma. J’adore le septième art». Badi Rachid dit être prêt à se sacrifier pour sa passion. «Avant de me lancer dans la figuration, on faisait appel à moi pour des bricoles techniques sur les plateaux de tournage, je suis habituée aux caméras et autres matériaux», dit fièrement celui qui élit refuge dans le cinéma. Lahcen Zourk, lui, a une autre philosophie. Deux ans après s’être lancé dans le travail de la figuration, il laisse tout tomber en 1998. Un souvenir amer émerge de cette période. «Lors du film «Cleopatra» de Frank Rodam, je devais incarner le personnage d’un esclave, un rôle qui m’a coûté cher», indique Lahcen. Ce dernier se remémore ce jour, en plein mois de décembre où il neigeait à Marrakech. «On m’avait demandé d’être torse nu, il faisait froid, un certain moment je n’arrivais plus à sentir mes membres, tellement il faisait froid, c’était l’enfer», soupire Lahcen. Ce sera le dernier jour où il mettra les pieds dans un plateau de cinéma. «Je suis tombé malade et j’ai décidé de prendre une décision une fois pour toute, celle d’arrêter», a t-il ajouté. Si les superproductions se déroulent dans de bonnes conditions financières, des incidents de parcours sont néanmoins très fréquents. «Dans «la Tentation du Christ», un de nos amis, un figurant a failli succomber à ses blessures, il est tombé du haut d’une falaise, heureusement que la maison de production l’a envoyé en France pour se soigner», souligne une source qui a souhaité garder l’anonymat. Pour Miloud Oujrou, le président d’une association de comparses à Ouarzazate, ces problèmes sont récurrents. «On dénombre beaucoup d’incidents du genre», indique t-il. Lorsque les figurants acceptent de participer dans un film, ils signent une sorte de contrat où ils ne sont généralement pas assurés. «Cela dépend de la boîte de production. Certains directeurs de maisons de productions prennent en charge les figurants et d’autres les laissent à leur propre sort». La seule consolation des figurants est celle de se voir sur un écran de cinéma, ou plutôt sur un petit écran puisque à Ouarzazate, il n’y a plus aucune salle de cinéma. La dernière, « Sahara », a fermé ses portes en 2005.
La ville de Ouarzazate est devenue une région privilégiée pour le tournage de films. A titre indicatif, le nombre total de films produits entre 1997 et 2004 s’élève à 419 répartis selon le genre et le budget investis. On dénombre près de 60 longs métrages pour un budget de 1.446.370.00,000 DH, 32 courts métrages pour un budget 7.658.000.000 DH. D’autre part, le nombre global des emplois créés par ses films lors de cette même période s’élève à plus de 95.554 emplois temporaires qui regroupent les figurants, les artisans, les techniciens et les administratifs.
« Laurence d’Arabie » de David Lean « L’homme qui voulait être roi » de John Huston « Un thé au Sahara » de Bernardo Bertolucci « Œdipe Roi » de Pazollini « Le Diamant du Nil » de Lewis Teague « La momie » de Stefan Sommers « Kundun » et « la dernière tentation du Christ » de Martin Scorcese « Rules of the engagement » de William Friedkin « Cleopatra » de Frank Roddam « Gladiators » de Ridley Scott « Astérix et Obélix mission Cléopâtre » de Alain Chabat « Kingdom of Heaven » de Ridley Scott « Babel » de Alejandro Gonzalez Inaritu. |
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