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Histoire : Etude sur la dynamique du berbère au Maroc
  Dans son étude, Mme Sadiqi indique que le berbère est une langue chamito-sémitique des premiers habitants du Maroc et que vieille de 5000 ans, elle n'a jamais été la langue officielle d'un etat central malgré sa vitalité extraordinaire. Pour donner un aperçu sur la situation actuelle de la langue berbère au Maroc, l'auteur a articulé son étude en trois parties pour traiter notamment des facteurs-clés du dynamisme du berbère, de la situation actuelle du berbère, et, des perspectives d'avenir de cette langue.

 Ainsi selon Mme Sadiqi, les cinq facteurs majeurs qui témoignent de la dynamique du berbère au Maroc sont écrit-elle, l'aspect historique, le statut de la langue maternelle, le statut de la langue orale, l'unité morpho-syntaxique, et, l'interaction avec les autres langues. Identité plurimillénaire Sur le plan historique, l'auteur a rappelé que les Royaumes berbères avaient couvert les territoires allant de l'Egypte jusqu'au sud du Maroc. De nombreuses civilisations berbères se sont succédées en Afrique du nord jusqu'au septième siècle après Jésus-Christ.

 Par conséquent l'identité berbère est pluri-millénaire et constitue une composante de base de l'histoire du Maroc. Toutefois, avec l'avènement de la première vague des arabes musulmans au Maroc pendant le premier siècle de l'Hégire, les dynasties berbères ne se sont pas éteintes et beaucoup d'entre elles ont pris le pouvoir. Citant les Almoravides (de 1062 - 1147) et les Almohades (1147 - 1258), Mme Sadiqi a relevé que pendant leurs règnes, le berbère était employé dans tous les domaines, religieux, culturel et linguistique.

 Mais au long des siècles, le contact entre le berbère et l'arabe a progressivement donné lieu à une forme de civilisation et de culture hybrides. A cet égard, l'auteur a donné l'exemple des tribus berbères complètement arabisées, comme les Ben Yazghas et les Doukkalas et, des tribus arabes berbérisées à savoir les Aït Seghrouchens. Cependant a-t-elle affirmé, durant des siècles, certaines tribus berbères sont restées intactes dans les régions montagneuses du grand Atlas et du Rif et, Mme Sadiqi de démontrer qu'aujourd'hui, le Maroc compte le plus grand nombre de berbérophones dans le monde.

 Une langue orale Tout compte fait, le processus de l'arabisation dans le sens linguistique du terme, a engendré la propagation du bilinguisme berbère-arabe. Ce type de bilinguisme est le résultat de deux facteurs essentiels, la propagation de l'arabe dialectal pendant le huitième siècle, et l'arrivée au douzième siècle d'arabes musulmans introduisant un type d'arabe dit classique.
 Par ailleurs, le berbère a le statut de langue maternelle au Maroc. Ces zones font qu'il existe trois groupes dialectaux majeurs: le Tachelhit, le Tamazight et le Tarifit. Ces groupes dialectaux comprennent des sous-dialectes ou variétés et ils sont parfois estimés à des centaines, voire à des milliers donnant lieu à une existence importante des populations berbérophones dans les villes de Casablanca, Rabat, Beni-Mellal, Marrakech, Agadir, Nador, Al Hoceima, et Azrou.

 Le berbère est aussi une langue orale et les divers dialectes berbères sont les véhicules des cultures traditionnelles spécifiques aux régions dans lesquelles ils sont parlés. Les costumes, les traditions, les dessins sur tapis, les chants, les danses, les proverbes, les contes, constituent des aspects quotidiens de la culture orale berbère. Certains de ces aspects, a expliqué Mme Sadiqi, sont figés et transmis de génération en generation pour contrer une mondialisation galopante.
Certes, dans une quête d'identité nous assistons à un renouvellement du patrimoine berbère parmi l'élite qui essaye de sauvegarder la langue et la culture berbère. Ce renouvellement se traduit par une littérature, essentiellement orale prometteuse ou des valeurs et aspirations des communautés berbères sont exprimées a conclu le Pr. Sadiqi.


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La dynamique du berbère au maroc: situation actuelle et perspectives d'avenir est l'intitulé d'une étude récemment publiée par le Pr. Fatima Sadiqi (Université Sidi Mohammed Ben Abdallah de Fès) dans
la revue internationale de linguistique.